Introduction
Le duduk traditionnel, tel qu'il est largement connu, possède dix perces et offre une tessiture d'une octave et demie, permettant de jouer du Fa# (F#) grave au La (A) aigu, voire du Mi (E) grave au Si (B) aigu pour les joueurs de haut niveau (voir l'article sur la tessiture et les possibilités du duduk). Cependant, la tessiture limitée de cet instrument peut constituer un obstacle à son intégration dans certaines compositions exigeant, par exemple, deux octaves complètes.
Pour remédier à cette limitation, le duduk a été modifié au fil du temps afin d'étendre sa tessiture au-delà de ses capacités traditionnelles.
Intégration des clés par Georgi Minasov
Georgi Minasov, maître renommé du duduk arménien, a développé dans les années 1990 un système de clés inspiré des clarinettes et d'autres instruments à vent couramment utilisés. Cette innovation visait à enrichir les possibilités musicales du duduk, notamment pour les besoins de son orchestre, en permettant de jouer un répertoire plus varié et riche en sonorités.
Minasov a ainsi créé plusieurs variantes du duduk traditionnel et du duduk basse, en y ajoutant un système de clés rendant accessibles des notes impossibles à atteindre sur un duduk classique.
Système de clés sur Duduk Basse en La (A)
Types de systèmes de clés
Les systèmes de clés utilisés pour étendre la tessiture des duduks s’inspirent principalement du mécanisme des clarinettes allemandes dites "Albert". Ce choix se justifie par leur proximité avec le mode de fonctionnement du duduk, contrairement aux systèmes des clarinettes françaises "Boehm".
Selon le modèle et le prix, les systèmes de clés peuvent être fabriqués à partir de pièces neuves et moulées spécifiquement pour le duduk, mais il n’est pas rare que des composants recyclés soient utilisés pour concevoir ces instruments.
Rareté et complexité de conception
Les duduks à clé restent rares en raison d’une faible demande et de la complexité de leur fabrication. Ces instruments sont généralement réalisés sur commande et destinés à un usage professionnel. Même en Arménie, leur pays d’origine, ils sont principalement utilisés par des musiciens expérimentés cherchant à enrichir leur répertoire.
La fabrication de ces instruments d’exception requiert l’intervention de trois artisans :
- L’orfèvre, qui moule ou recycle le mécanisme de clé, souvent issu de modèles de clarinettes allemandes, et le polit pour un rendu parfait.
- L’assembleur, qui intègre ce mécanisme au corps du duduk.
- Le facteur d’instrument à vent, qui réalise avec soin le corps du duduk.
Difficulté d’exécution
Au-delà de leurs spécificités techniques, les duduks à clé exigent une maîtrise particulière. Ces instruments nécessitent un débit d’air plus important et une grande stabilité dans le souffle pour produire un son chaleureux et homogène.
La pose des clés, bien qu’exécutée par des artisans qualifiés, modifie la facture traditionnelle du duduk et rend son jeu plus exigeant. Ces instruments, conçus pour répondre aux besoins des musiciens professionnels, offrent des possibilités uniques, mais leur maniement demande un haut niveau de compétence et une adaptation à cette nouvelle configuration.