Djivan Gasparyan

Une jeunesse en Arménie soviétique

Djivan Gasparyan est né le 12 octobre 1928 à Solak, un village situé au nord-est d’Erevan, en Arménie, alors sous régime soviétique. Il commence l’apprentissage du Duduk à l’âge de 6 ans. Son enfance est marquée par des épreuves difficiles : en 1941, sa mère décède et son père est mobilisé pour la guerre. Il joue alors dans la rue pour quelques morceaux de pain, afin de subvenir aux besoins de sa sœur, de son frère et de lui-même. En 2019, il confiait au média britannique SongLines : « J’ai compris que la force du Duduk vient de l’émotion qu’on y met. »

En 1947, il se rend à Moscou avec un ensemble amateur et reçoit une montre des mains de Staline à l’issue d’un concert, montre qu’il revendra, faute de moyens. En 1949, il rejoint la formation nationale de chants et danses folkloriques d’Arménie, ce qui marque le début de sa reconnaissance en Arménie, où il accumule les distinctions.

Djivan Gasparyan

Multiples collaborations internationales

Sa carrière prend une dimension internationale à la fin des années 1980, grâce à l’intérêt de plusieurs artistes britanniques. Le musicien et producteur Brian Eno, impressionné par une performance à Moscou, l’invite à Londres et réédite l’un de ses albums de 1983 (Armenian Folk Tunes) sous le titre I Will Not Be Sad in This World.

C’est ensuite Peter Gabriel qui découvre la musique de Gasparyan alors qu’il travaille sur Passion, la bande originale du film La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese. Séduit par la sonorité du Duduk, il l’intègre à son projet et contribue ainsi largement à faire connaître l’instrument dans le monde entier.

Au fil des années, Djivan Gasparyan a multiplié les collaborations à l’échelle internationale. Il a travaillé avec le Kronos Quartet, célèbre quatuor à cordes californien, ainsi qu’avec le musicien turc Erkan Oğur, dans une démarche symbolique de dialogue et de fraternité. Il a également collaboré avec le luthiste iranien Hossein Alizadeh, la légende pakistanaise Nusrat Fateh Ali Khan, ou encore avec le compositeur canadien Michael Brook, sous le label Real World fondé par Peter Gabriel.

En 2004, il participe à la bande originale du film Gladiator de Ridley Scott, en collaboration avec le compositeur Hans Zimmer. Cette contribution propulse le duduk sur la scène mondiale comme jamais auparavant. Le succès planétaire du film suscite un vif intérêt pour cet instrument au timbre profondément émouvant. Aujourd’hui encore, des ciné-concerts et événements sont entièrement consacrés à Gladiator et à sa musique.

Un juste retour pour celui qui, dans une interview accordée à Songlines, confiait avoir découvert le duduk avec émerveillement dans son enfance, lorsqu’il écoutait les musiciens accompagner les films muets au cinéma.

© Gladiator Soundtrack - To Zucchabar

Veritable icone locale

Djivan Gasparyan n’était pas un simple musicien. Au fil des années, il est devenu une véritable icône nationale, un ambassadeur du duduk à l’international, et une source d’inspiration pour toute une génération de jeunes musiciens arméniens.

En s’illustrant notamment à Hollywood, il a ouvert la voie à une reconnaissance mondiale du Duduk. Il a démontré que cet instrument, longtemps cantonné aux festivités villageoises, pouvait trouver sa place sur les plus grandes scènes et dans les productions cinématographiques majeures. Son parcours a ainsi encouragé de nombreux musiciens à croire en leur art et à œuvrer, eux aussi, à faire rayonner le Duduk dans le monde entier.

Jivan Gasparyan 90th birthday - "Holy Father" with 100 Duduk players © Djivan Gasparyan Jr

Decès 

Djivan Gasparyan s’est éteint le 6 juillet 2021 aux États-Unis, laissant derrière lui un héritage musical remarquable. Sa carrière se distingue par une discographie riche, une reconnaissance internationale, des collaborations uniques et l’admiration de plusieurs générations d’artistes et de mélomanes.

Lors de ses obsèques, et conformément à la tradition funéraire arménienne, il a été accompagné par certains des plus grands musiciens d’Arménie, venus honorer sa mémoire par la musique au moment de son inhumation.

Ջիվան Գասպարյանի վերջին հրաժեշտը (Le dernier adieu à Jivan Gasparyan) © KAMO SEYRANYAN

Sources

https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/musique-du-monde/le-musicien-djivan-gasparyan-legende-du-duduk-armenien-est-mort-a-92-ans_4693203.html

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