Levon Minassian

Présentation

Lévon Minassian naît à Marseille, dans le quartier de Saint-Jérôme, là où ses grands-parents avaient trouvé refuge après le génocide arménien de 1915. Il grandit dans une famille attachée à la musique et très impliquée dans la communauté arménienne locale. Très jeune, il se passionne pour les sons traditionnels et commence à jouer de la mandoline au sein d’un groupe folklorique.

À 15 ans, ses parents lui rapportent un Duduk d’Arménie. C’est une révélation. Il leur annonce son envie d’apprendre à en jouer, sans imaginer le long chemin qui l’attend.

Un apprentissage exigeant

Adolescent, Lévon suit les artistes arméniens lors de leurs tournées en France. Il les approche jusque dans leurs hôtels pour tenter de recueillir quelques conseils. Mais l’apprentissage du Duduk n’est pas chose facile : la transmission de cet art reste très fermée, souvent réservée à quelques initiés.

Dès la fin des années 1970, il se rend en Arménie pour étudier auprès de maîtres tels que Djivan Gasparian ou Valodia Haroutiounian. Pénétrer ce milieu demande de la patience, de la discrétion, et beaucoup de persévérance. Lévon apprend souvent seul, avec rigueur, cherchant à comprendre chaque subtilité du jeu.

Premiers enregistrements et ouverture vers le cinéma

Grâce à son travail et sa régularité, son jeu attire peu à peu l’attention. En 1985, le compositeur Georges Garvarentz lui propose d’enregistrer pour la bande originale du film Les Mémoires tatouées. Ce premier projet cinématographique ouvre la voie à d’autres collaborations : Mayrig, 588 rue Paradis, Amen, L’Odyssée de l’espèce, La Passion du Christ, Home, Va, vis et deviens, Inch’Allah, entre autres.

Son jeu, reconnaissable par sa profondeur et sa sobriété, trouve naturellement sa place dans les univers visuels forts du cinéma.

Rencontres musicales et reconnaissance internationale

En 1992, Peter Gabriel l’invite à participer à l’album Us, puis lui propose d’ouvrir en solo sa tournée mondiale Secret World Live Tour. Cette expérience marque un tournant. Par la suite, Lévon collabore avec des artistes de scènes variées : Charles Aznavour, Sting, Patrick Fiori, Hélène Ségara, Christophe Maé, I Muvrini…

Il multiplie également les projets transversaux avec Armand Amar, compositeur pour le cinéma et la danse contemporaine. Ensemble, ils enregistrent Lévon Minassian and Friends (1998), puis Songs From a World Apart (2005), où le duduk dialogue avec des instruments venus d'autres traditions : oud, kamantcha, viole d’amour, orchestre symphonique bulgare…

Reconnaissance institutionnelle

En 1997, Lévon Minassian est invité à l’Élysée pour jouer en tant que soliste lors de la visite du président arménien Levon Ter-Petrossian. En 2003, il est nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le président Jacques Chirac, en reconnaissance de sa contribution à la musique et à la culture.

Un son entre traditions et mondes

Lévon Minassian a contribué à faire connaître le Duduk au-delà de son cadre traditionnel. Il ne le sort pas de son contexte, mais l’élargit, en le confrontant à d’autres instruments, d’autres sensibilités. Son approche reste fidèle à l’essence de cet instrument, tout en le faisant entrer dans des dialogues nouveaux.

Sa musique ne se limite pas à un territoire ou à un folklore. Elle ouvre une porte vers un espace plus vaste, fait de mémoire, de silence et d’émotion partagée.

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