Le Duduk

Présentation

Le Duduk (Դուդուկ en arménien) est un instrument à vent cylindrique en bois. Connu pour surprendre son auditoire en produisant un son très grave et chaleureux malgré sa petite taille, le Duduk suscite souvent de l'admiration et de la stupéfaction au sein du public.

Selon les sources les plus anciennes, qui sont les peintures pariétales retrouvées dans divers grottes d'Anatolie et du Caucase, l'usage du Duduk remonterait à plus de 3500 ans, ce qui en fait un instrument plusieurs fois millénaires, qui est largement encré dans les cultures des peuples de la région.

Facture

Le Duduk est un instrument à vent cylindrique d'une longueur de 35 cm, fabriqué à partir du bois d'abricotier de la variété "Prunus Armeniaca". Les artisans choisissent la partie la plus mature de l'arbre, à savoir le noyau de l'abricotier, pour façonner le Duduk. Après la coupe, ce bois est entreposé pendant une période de 5 à 9 ans afin de le débarrasser de toute humidité.

Le Duduk traditionnel possède dix trous, huit à l'avant et deux à l'arrière de l'instrument, agencés selon l'échelle diatonique similaire à beaucoup d'autres instruments européens.

Il est fréquent d'observer des Duduks de différentes teintes, cela résulte de la réaction naturelle du bois au contact de la chaux, et par la suite des divers vernis qui peuvent être appliqués sur l'instrument.

S'ajoute au Duduk une anche double, semblable au basson ou au hautbois. L'anche double appelée ghamish est faite d'une seule pièce de roseau aplatie, fendue et ligaturée au niveau du raccord avec le corps de l'instrument. Une bague de régulation (ou bague d'accordage) entoure l'anche et permet de stabiliser le son et d'accorder l'instrument.

Cette anche est amovible et se fixe sur le Duduk pendant la performance, puis est retirée lorsqu'il est rangé.

Sonorité

Connu pour produire un son chaleureux et doux, le Duduk est considéré comme un instrument qui se rapproche grandement de la voix humaine, ce qui expliquerait sa facilité à toucher l’âme de ses auditeurs. Le son qu'il émet est souvent décrit comme mélancolique, profond et envoûtant, ce qui le conduit à être utilisé dans de nombreux contextes où la transmission de ces émotions est nécessaire, notamment au cinéma.

Afin de faciliter l’utilisation du Duduk dans tous les styles musicaux, et dans le but de créer d’autres ambiances que celle de la mélancolie, les artisans spécialistes de l'instrument ont procédés à la création de Duduk de différentes tailles, afin de faire varier la tonalité et donc la hauteur de leurs sons. Nous pouvons retrouver aujourd’hui des Duduks de toutes tonalités, les plus utilisés seront les Duduk en Fa (F), Sol (G), La (A), Si (H), Sib (B), Do (C), Re (D).

Les Duduks en Fa (F) et Sol (G) vont permettre d’atteindre des tonalités très graves pour des chansons d’amour et/ou mélancoliques. Les Duduk en La (A), Si (H) et Sib (B) sont utilisés pour jouer les morceaux folkloriques les plus fidèles au son et au style originel du Duduk. Les Duduk aiguës en Do (C), Re (D) et Mi (E) plus secs, sont quant à eux adaptés pour jouer des morceaux dansants lors de spectacles, concerts, mariages ou autres évènements.

Tessiture et Fonctionnement

Le Duduk est un tube en bois cylindrique. On y retrouve dix trous, huit à l'avant, puis deux à l'arrière. Le Duduk étant sur l'échelle diatonique, l'écart de ton entre les notes n'est pas toujours le même, il se construit ainsi :

1/2 ton - 1 ton - 1 ton - 1 ton - 1/2 ton - 1 ton - 1 ton - 1/2 ton - 1 ton - 1 ton

Pour un Duduk en La 

La - Sol# - Fa# - Mi - Re - Do# - Si - La - Sol# - Fa# - Mi

Le Duduk traditionnel permet le jeu de 20 notes, pour obtenir ces notes, il suffit de boucher qu'à moitié un trou afin d'obtenir la même note descendue d'un demi-ton (ne s'applique pas sur les 1er, 5e et 8e trous où les notes sont déjà descendues d'un demi-ton, vous obtiendrez alors un quart de ton dans le cas où vous ne fermiez qu'à moitié ces deux trous).

Il existe des particularités pour le jeu de quelques notes au Duduk :

  1. En serrant les lèvres : Lorsque le Duduk est joué sans boucher de trous, c'est la note sur laquelle est accordé qui doit resonner. Pour un Duduk en La (A), ce sera un La qui sera entendue. Mais il est possible, en serrant les lèvres, de jouer deux notes supplémentaires, le Si bémol (Bb) et le Si (H).
  2. En utilisant son ventre : Lorsque les neuf doigts sont occupés à boucher l'ensemble des trous du Duduk, l'utilisation du ventre vous permet de boucher le dixième trou situé à l'arrière de l'instrument. Cela vous permet ainsi de jouer deux notes supplémentaires : le Fa (F) et le Mi (E).

     

    Histoire

    Jusqu'au XVIIIe siècle, la confection du Duduk reposait entièrement sur l'utilisation de bambou. L'anche, liée au corps de l'instrument, était soumise à une usure importante, ce qui rendait nécessaire la fabrication intégrale d'un nouvel instrument lorsque celui-ci n'était plus utilisable.

    Au fil du temps, les artisans arméniens ont acquis l'expertise nécessaire pour sélectionner le bois idéal dans la fabrication du duduk. En effet, le bambou, étant une matière soumise à une dégradation rapide, a été remplacé par du bois d'abricotier, réputé pour sa grande résistance aux variations de température et à l'humidité, avec une durée de vie allant jusqu'à 30 à 50 ans. Quant à l'anche, c'est le roseau qui a été retenu, notamment pour ses qualités sonores.

    Le savoir-faire des artisans du Duduk arménien a permis à l'instrument d'atteindre des sonorités remarquablement justes et claires, permettant une utilisation professionnelle, notamment lors de concerts.

    Dans les années 1940, grâce à l'exposition de Markar Markaryan, joueur de Duduk de renom, le Duduk a officiellement acquis le statut d'instrument de concert, cessant ainsi d'être réservé aux seules festivités.

    C'est également à cette époque que les experts et facteurs d'instruments, après avoir expérimenté la confection du Duduk à partir de bois provenant de divers pays, ont conclu que les meilleures qualités d'abricotier se trouvaient sur le sol arménien, sec et aride. Après une sélection, une préservation et une préparation minutieuse, le bois offre un son chaleureux et magique inimitable.

    C'est ainsi qu'à partir de cette période, l'instrument a connu une popularité croissante auprès du peuple arménien, qui n'a cessé de le promouvoir. En 2005, une candidature officielle a été proposée à l'UNESCO pour son inscription en tant que patrimoine immatériel de l'humanité.

    Symbolique

    Tout au long de son l'histoire, le peuple arménien a perpétué la tradition de cet instrument, doté de vertus apaisantes, relaxantes et purifiantes. Le Duduk a traversé les époques et a largement marqué l’histoire de ce peuple en étant l’instrument privilégié pour les rencontres de la vie telles que les baptêmes, les mariages, les fêtes de villages et enterrements.

    Au cours des siècles écoulés, à la suite de multiples répressions orchestrées notamment par le régime ottoman, le Duduk a acquis une dimension symbolique particulière au sein de la vie du peuple arménien. Il s'est ainsi imposé comme l'instrument emblématique reflétant non seulement les aspects de leur existence, mais également les traumatismes issus de leur histoire, tels que le Génocide arménien. Suite ces événements tragiques, le Duduk est devenu l'instrument privilégié pour exprimer de manière réaliste et profondément émouvante la souffrance vécue par le peuple arménien.

    Le Duduk, symbole authentique de l'Arménie, s'est diffusé dans l'ensemble du Caucase, du Moyen-Orient et des Balkans, ainsi que vers l'Est, le long des anciennes routes de la soie. Toutefois, malgré son expansion géographique, il a su préserver son identité musicale originelle, permettant ainsi une reconnaissance mondiale de l'instrument.

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