Les Femmes et le Duduk

Introduction

Publié symboliquement le 8 mars 2025, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, cet article rend hommage aux femmes qui jouent du Duduk, contribuant ainsi à faire résonner cet instrument ancestral au-delà des conventions établies.

Un Instrument Historiquement Associé aux Hommes

Le Duduk a longtemps été perçu comme un instrument majoritairement masculin, porté par des figures emblématiques de la musique arménienne. La plupart des grands noms qui ont marqué l’histoire du Duduk sont en effet des hommes.

Pourquoi cette perception ?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette association historique, ancrée dans des traditions culturelles et des habitudes profondément enracinées.

Une Question de Capacité Physique ?

Le Duduk est un instrument exigeant, nécessitant une maîtrise du souffle et un effort musculaire conséquent pour produire un son stable et riche. Certains ont pu penser, à tort, que cette exigence physique en faisait un instrument plus adapté aux hommes. Pourtant, rien, d’un point de vue strictement physiologique, n’empêche une femme de jouer du Duduk. D’ailleurs, il existe des joueuses talentueuses, bien que moins médiatisées, qui prouvent que cette idée relève davantage d’un stéréotype que d’une réalité.

Un Instrument Marqué par la Culture Funéraire

Le Duduk occupe une place particulière dans les cérémonies funéraires, où sa sonorité profonde et mélancolique accompagne le deuil et exprime l’émotion collective. Joué pour honorer la mémoire des défunts, il est un élément essentiel de ces rites, traduisant la tristesse et le recueillement. Dans la tradition mortuaire arménienne, les femmes ne sont pas présentes lors de l’inhumation, un moment réservé aux hommes. Cette absence a naturellement limité leur rôle dans ces contextes, contribuant à l’image du Duduk comme un instrument principalement porté par des musiciens masculins.

Voici un exemple d’interprétation collective lors de l’inhumation du grand maître du Duduk, Djivan Gasparyan.

Ջիվան Գասպարյանի վերջին հրաժեշտը © Kamo Seyranyan

Des Habitudes Ancrées Chez le Public

L’image du duduk est profondément associée à des figures masculines, renforcée par des générations de musiciens qui ont façonné son identité et sa reconnaissance à travers le monde. Cette perception, ancrée dans l’inconscient collectif, influence la manière dont le public reçoit et valorise les interprètes. Les auditeurs, habitués à voir cet instrument porté par des hommes, tendent instinctivement à associer son timbre et son expressivité à une interprétation masculine.

Ce biais, bien que rarement formulé ouvertement, crée un manque de visibilité pour les joueuses de duduk. Moins mises en avant dans les médias, les concerts ou les enregistrements officiels, elles peinent à s’imposer dans un univers où l’héritage et la transmission restent largement dominés par des figures masculines. Pourtant, leur talent et leur engagement démontrent que l’instrument ne se limite pas à une question de genre, mais à une maîtrise artistique qui transcende les préjugés.

Un Changement Nécessaire et Inévitable

À La Maison du Duduk, nous sommes convaincus que la musique n’a pas de genre. L’art est une expression universelle où chaque interprète, indépendamment de son identité, façonne un langage unique et intemporel.

En mettant en avant ces femmes joueuses de Duduk, nous souhaitons briser les stéréotypes et célébrer la diversité des artistes qui portent cet instrument à travers le monde. Chaque note, chaque souffle et chaque vibration témoignent d’une sensibilité singulière et d’un engagement à perpétuer, mais aussi à réinventer, cette tradition musicale.

À travers une sélection de vidéos, nous vous invitons à découvrir ces femmes inspirantes, dont le talent et la maitrise prouvent que le Duduk appartient à tous.